Le prix du pétrole brut WTI remonte à 63 dollars, mais les forces baissières limitent le potentiel de hausse

Les cours du pétrole brut West Texas Intermediate (WTI) ont rebondi au-dessus de 63 dollars le baril mardi, après une forte baisse lors de la séance précédente. Ce mouvement a été largement attribué à la couverture technique des positions courtes, mais les analystes avertissent que les facteurs baissiers sous-jacents restent intacts, limitant le potentiel d'un rallye durable.
Pendant les heures d'ouverture des marchés européens, le WTI s'est négocié à près de 63,30 dollars, en hausse par rapport à la clôture de lundi à près de 62 dollars. Les investisseurs ont saisi l'occasion de couvrir leurs positions courtes après la chute de 2 % enregistrée en début de semaine. "Une certaine couverture des positions courtes est apparue après la forte baisse de lundi", a noté Hiroyuki Kikukawa, stratégiste en chef chez Nissan Securities, tout en ajoutant que la fourchette de 55 à 65 dollars est susceptible de définir l'action des prix à court terme.
Dynamique des prix de l'USOIL (mars 2025 - avril 2025) Source : TradingView.
Les risques politiques et les négociations sur l'Iran freinent l'enthousiasme haussier
Le sentiment du marché reste sous pression dans un contexte d'incertitude croissante autour de la politique monétaire américaine. Le président Donald Trump a intensifié ses critiques à l'égard du président de la Réserve fédérale, Jerome Powell, lundi, exigeant des baisses de taux immédiates pour éviter un ralentissement économique. Cette querelle a suscité des inquiétudes quant à l'indépendance de la Fed, assombrissant la toile de fond macroéconomique et ajoutant de la volatilité aux marchés pétroliers.
Pour renforcer les risques liés à la demande, un sondage Reuters a indiqué que près de 50 % des investisseurs anticipent désormais une récession aux États-Unis au cours des 12 prochains mois. Cette probabilité est largement liée aux tensions commerciales actuelles et aux dommages économiques infligés par les tarifs douaniers.
Par ailleurs, les développements diplomatiques entre les États-Unis et l'Iran pèsent également sur les perspectives d'approvisionnement du marché pétrolier. Au cours du week-end, les deux pays se sont mis d'accord pour commencer à rédiger un cadre en vue d'un éventuel accord nucléaire. Tout accord levant les sanctions pourrait ouvrir la voie à un retour des exportations de pétrole iranien, ce qui atténuerait encore les contraintes pesant sur l'offre et pèserait sur les références mondiales du brut.
L'augmentation de l'offre de l'OPEP+ complique la reprise
Pour compliquer encore la reprise, l'OPEP+ devrait encore augmenter sa production de 411 000 barils par jour en mai. Bien qu'une partie de cette augmentation puisse être compensée par des ajustements de conformité de la part des pays surproduisant, l'augmentation globale de l'offre pourrait faire basculer le marché dans une situation d'excédent si la croissance de la demande continue de s'affaiblir.
Dans les rapports précédents, nous avons souligné la vulnérabilité des marchés du brut face aux événements géopolitiques et à l'évolution de la politique des banques centrales. Alors que les opérateurs digèrent désormais les progrès réalisés sur le front de l'Iran et l'ingérence politique accrue des États-Unis dans les décisions monétaires, le risque d'une nouvelle pression à la baisse sur le pétrole reste élevé.