Régulation et incertitudes : quel est l’avenir des crypto-actifs en France ?
La France encadre strictement les crypto-actifs pour favoriser l’innovation tout en garantissant la stabilité.
Entre régulation stricte et évolution du marché, Céline et Nadia Antonin, économistes respectivement à l’OFCE et à la Banque de France, livrent leur analyse sur l’impact des crypto-actifs en France et les défis à venir.
Les crypto-actifs suscitent un engouement renouvelé sur les marchés financiers. L’annonce de Donald Trump de vouloir faire des États-Unis la « capitale mondiale de la crypto » et la mise en place d’une réserve fédérale de cinq cryptomonnaies ont ravivé l’intérêt des investisseurs. Toutefois, la volatilité et les risques inhérents à ces actifs maintiennent un climat d’incertitude.
La régulation française face à un marché en mutation
Interviewé par Sciences Po, Céline Antonin rappelle que « l’Europe a fait le choix de l’encadrement avec le règlement MiCA du 20 avril 2023, plutôt que d’interdire purement et simplement les crypto-actifs ». Ce cadre vise à renforcer la protection des épargnants tout en encadrant la spéculation et le blanchiment d’argent. La France a joué un rôle clé dans l’adoption de ce cadre. Les exigences d’enregistrement auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF) et l’application stricte des normes anti-blanchiment placent le pays parmi les plus avancés en matière de régulation des crypto-actifs.
Les crypto-actifs posent également des questions sur la confiance du public dans le système monétaire. Nadia Antonin rappelle que « la monnaie est un lien social et repose sur une souveraineté légitime », expliquant ainsi pourquoi les crypto-actifs ne peuvent, à ce stade, remplacer les monnaies traditionnelles. « Leur volatilité et leur absence d’autorité de contrôle compromettent leur adoption à grande échelle », ajoute-t-elle.
« L’enjeu est de concilier innovation et stabilité financière, sans freiner les opportunités du secteur » - Nadia Antonin.
Un avenir incertain entre risques et opportunités
L’essor des crypto-actifs risque d’accentuer les inégalités économiques. « La spéculation profite surtout aux premiers investisseurs et renforce la concentration des richesses, au détriment des nouveaux entrants », conclut Céline Antonin. Un constat qui soulève la nécessité d’un encadrement renforcé pour éviter une fragmentation sociale. La France poursuit donc son approche prudente mais proactive, cherchant à tirer parti des opportunités offertes par les crypto-actifs tout en garantissant la stabilité du marché financier national. L’avenir du secteur dépendra de la capacité des régulateurs à encadrer son évolution sans freiner l’innovation.
