Bitcoin, un changement générationnel : Pourquoi la génération Z choisit d'ignorer le système

Le modèle économique actuel peut-il encore offrir quelque chose en quoi les jeunes peuvent vraiment croire ? Y a-t-il encore une place pour la confiance dans l'État, les institutions et les banques centrales lorsque les grandes promesses - stabilité, prospérité, mobilité sociale - se révèlent n'être que des promesses ?
Alors que les générations plus âgées se battent pour préserver le système, les plus jeunes passent tout simplement à côté. Pour une grande partie de la génération Z, le système financier, la politique monétaire contrôlée par l'État et l'idée même d'une stabilité centralisée semblent être des reliques d'une époque révolue. Mais il ne s'agit pas d'une rébellion, ni d'un refus romantique, mais d'une recherche d'un autre type d'architecture. Une architecture numérique, plus rationnelle et autogérée. Et l'outil - ou peut-être la bouée de sauvetage - pour construire cette nouvelle réalité est devenu le bitcoin.
Dans un monde où les lendemains garantis ont disparu en même temps que les emplois stables, les pensions fiables et la confiance dans les nouvelles, les jeunes n'essaient pas de réparer le système. Ils en construisent un nouveau - numérique, décentralisé et volontaire.
Là où le monde centralisé commence à se fissurer
L'une des voix les plus claires pour exprimer ce changement est celle du stratège de marché Jordi Visser. Dans un récent podcast avec l'entrepreneur en cryptomonnaies Anthony Pompliano, il a fait valoir que plus les citoyens s'indignent de l'injustice économique, plus les gouvernements impriment de l'argent de manière agressive pour calmer l'agitation. Selon lui, ce modèle ne fait qu'accentuer la méfiance du public et alimenter l'attrait des alternatives décentralisées comme le bitcoin.
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Lorsque l'État joue de plus en plus le rôle de joueur et d'arbitre, et que l'expansion monétaire remplace la stratégie à long terme, les jeunes générations commencent à chercher des alternatives. Pas par effet de mode, mais par nécessité. Leurs comptes, leurs économies et leur avenir sont devenus des garanties.
Un système centralisé exige la confiance. Mais la confiance est une ressource que la génération Z ne donne plus gratuitement. Le bitcoin ne promet rien, si ce n'est une rareté mathématiquement garantie. Et dans un monde où même la météo semble instable, cette promesse est étrangement rassurante.
Un fossé générationnel en matière d'argent
Ce scepticisme croissant se manifeste déjà sur les marchés financiers. L'indice du dollar américain (DXY), qui mesure la force du dollar par rapport à un panier de devises majeures, a récemment chuté à son niveau le plus bas depuis trois ans. Les marchés envoient un message : la confiance dans la monnaie fiduciaire ne s'estompe pas seulement en théorie, elle s'évapore en pratique.
Pour les générations précédentes, la monnaie fiduciaire était synonyme de fiabilité. Elle était soutenue par le pouvoir de l'État, la croissance économique et l'autorité institutionnelle. Dans leur esprit, le dollar représentait le pouvoir d'achat, les retraites, la capacité d'épargner et de transmettre la richesse. Il incarnait la stabilité issue des guerres, du progrès technologique et de la domination mondiale de l'Amérique.
La génération Z voit tout autre chose : une inflation chronique, des inégalités croissantes, l'érosion de la valeur du travail et, surtout, une spirale de la dette publique qui échappe à tout contrôle. Le fait même que des pays établissent aujourd'hui des réserves nationales de bitcoins - pour couvrir leur dette souveraine ou préserver leur indépendance monétaire - marque un net changement de discours. Lorsque l'émetteur de la monnaie de réserve mondiale doit maintenir un déficit commercial constant simplement pour approvisionner le monde en dollars, la crédibilité à long terme commence à se fissurer.
Cette contradiction structurelle - entre le rôle mondial du dollar et le fardeau de la dette intérieure - attire davantage l'attention sur des solutions de rechange dont l'offre est fixe. Le bitcoin n'est pas attrayant parce qu'il est parfait. Il est attrayant parce que l'inflation n'est pas inscrite dans son code. Le dollar, autrefois symbole de force, ressemble aujourd'hui à un outil usé qui fonctionne encore par inertie.
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Le bitcoin, colonne vertébrale d'une nouvelle autonomie
Dans de nombreux pays où garder de l'argent dans une banque est un risque - et l'envoyer à l'étranger un crime - Bitcoin est déjà devenu un moyen de préserver non seulement la richesse, mais aussi la dignité. L'un des exemples les plus clairs est celui du Venezuela au cours de la dernière décennie : alors que la monnaie locale perdait de sa valeur au fil des semaines et que le gouvernement imposait un contrôle des changes et des capitaux, des milliers de personnes se sont tournées vers le bitcoin, seul moyen de protéger ce qu'elles possédaient ou de recevoir de l'argent de l'étranger.
Conclusion
Pour la jeune génération, le bitcoin ne consiste pas à "acheter le creux de la vague" ou à anticiper le marché. Il s'agit de posséder quelque chose qui ne disparaît pas lorsque la politique change. Il s'agit d'une autonomie minimale, mais réelle. Et il s'agit de responsabilité - pour la garde, pour les décisions, pour les risques.
C'est là le changement le plus profond : dans un monde qui semble de plus en plus surveillé et géré, le bitcoin reste la seule monnaie que l'on peut vraiment considérer comme la sienne. Il ne s'agit pas d'un défi lancé à l'État, mais d'une demande discrète pour quelque chose qui ne peut pas être enlevé.
Pour certains, le bitcoin n'est qu'un code. Pour d'autres, c'est le début de leur propre économie.